Par exemple, quand nous nous présentons, nous avons tendance à répondre à la question "qui êtes-vous" en évoquant notre rôle professionnel. Elle insiste pour que dans la relation humaine, nous sachions faire la distinction entre le rôle que nous avons aux yeux des autres et à nos propres yeux et l'identité.
Notons au passage qu'en thérapie familiale, cette distinction est fondamentale pour ne pas enfermer l'autre
dans le rôle qu'il occupe ou qu'il a occupé...
Satir utilise l'image d'un mobile que nous plaçons au dessus du lit des bébés pour décrire le rôle que
chacun occupe dans la famille ou dans un groupe humain. Ce mobile tente de rester en équilibre
en restant statique et en conservant le rôle de chacun.
C'est une vision hiérarchique de l'homme, à laquelle elle oppose une vision de croissance et de développement; basée sur le développement sain de l'estime de soi de chaque être humain.
Virginia Satir nous aide également à comprendre qu'en conséquence du rôle hiérarchique que nous avons adoptétrès tôt dans le système familial, notre estime de soi est plus ou moins développée.
Or une faible estime de soi est selon elle un obstacle au changement : elle remarque qu'une personne dotée d'une faible estime de soi a tendance à parler en termes de fatalité des événements qui surviennent dans sa vie. Virginia Satir définit l'estime de soi comme l'acceptation de ce que l'on est, avec ses ressources et ses défauts.
L'estime de soi implique donc que l'on est en contact avec sa vérité émotionnelle et avec le contexte extérieur, c'est un juste équilibre entre l'interne et l'externe.
Pour elle, plus l'estime de soi est faible, plus la communication de la personne est marquée par la soumission, plus sa communication est indirecte, confuse et non pertinente (incongruente comme elle le dit, c'est à dire inadaptée au contexte).
Nous le comprenons donc bien : la clé du changement selon Virginia Satir, c'est le travail sur l'estime de soi.En acceptant qui elle est et en ne se confondant plus avec le rôle qu'elle a joué dans le système familial, dans le groupe humain en général, la personne apprend à réadapter sa communication et à la rendre plus "congruente".
La maturité humaine, selon elle, c'est lorsque la personne est capable de se prendre en charge pleinement elle-même.
Le changement passe donc selon elle par le processus suivant :
1. La prise de conscience du rôle, du masque que nous portons de manière préférentielle aux yeux des autres,
dans tout groupe humain : victime, leader, justicier, aidant, boute-en-train...
2. La découverte que nous ne sommes pas notre masque, nous ne sommes pas identifiables et réductibles à ce masque.
3. Acceptation de ce que nous sommes derrière le masque, avec nos ressources et nos faiblesses
4. Réadaptation plus harmonieuse de ce que nous sommes dans le groupe humain, sur un modèle de croissance et de développement et non plus sur un modèle hiérarchique.
Virginia Satir nous rappelle que si nous changeons, le système, le groupe humain (familial, professionnel ou autre) tout entier change car il doit trouver un nouvel équilibre. Elle nous dit aussi que le changement peut inclure un moment de déséquilibre passager pour l'ensemble du système,avant de retrouver un nouvel équilibre, une nouvelle homéostasie plus harmonieuse qu'auparavant.
Poème de Virginia Satir (Thérapeute de couple et familial du XXe siècle)
Lorsque je te demande de m’écouter,
et que tu me donnes des conseils,
tu ne fais pas ce que je t’ai demandé.
Lorsque je te demande de m’écouter,
et que tu me dis que je ne devrais pas me sentir ainsi,
tu piétines mes sentiments.
Lorsque je te demande de m’écouter,
et que tu crois que tu dois faire quelques choses,
pour solutionner mon problème, tu me brimes, aussi étrange que cela puisse te paraître.
Écoute! Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter.
Pas de parler ou de faire, ou juste m’entendre.
Les conseils, je n’en ai que faire. Je peux accomplir mes choses; je ne suis pas sans ressources; peut-être suis-je découragé ou hésitant, mais je ne suis pas impuissant.
Lorsque tu fais quelque chose à ma place et que je peux
l’accomplir moi-même, tu contribues à ma peur et à ma faiblesse.
Mais lorsque tu acceptes, comme un simple fait, que je sente ce que je sens, aussi irrationnel que ce soit, alors je peux cesser de vouloir te convaincre et,travailler à comprendre ce qui se passe en moi.
Et si un jour, tu désires parler, “je” t’écouterai à mon tour.